Interview d'accouchement : Sarah A.
Qui êtes-vous / que faites-vous dans la vie ?
Je m’appelle Sarah A. et je suis make-up artist.
Quel âge avez-vous ?
34 ans.
Dans quelle ville habitez-vous ?
A Brooklyn, New York.
Est-ce votre premier accouchement ?
Pour mon premier fils, Otto, qui a dix mois.
Êtes-vous plutôt une encyclopédie vivante de l’accouchement ou vivez-vous dans l’ignorance la plus totale et misez tout sur votre instinct ?
Quand je suis tombée enceinte la première fois, ce qui m'a vraiment touchée et rassurée, c'est le fait que les femmes, depuis des millénaires, ont eu une approche de la naissance assez similaire à savoir qu’elles se sont toutes appuyées sur la merveille qu’est notre corps. Cela fait seulement une cinquantaine d'années que nous avons commencé à changer la façon dont on donne la vie. Je n'ai pas lu beaucoup de livres, ou n’ai pas trop imaginé de scénarios dans ma tête - je suis juste restée attentive à ce qui pouvait se passer et j'ai ainsi pu apprécier chaque instant de ma grossesse. Un livre assez puissant était le “Guide to Childbirth” d'Ina May. Bien que je ne sois pas d'accord avec tout ce qu’elle dit, j'ai aimé son approche. Nous, en tant que femmes, sommes faites pour accoucher. Malheureusement, les médias et la société véhiculent depuis toujours l’idée que la naissance est effrayante, douloureuse et dramatique, un peu comme dans les films. C'était important pour moi d’aller jusqu’au bout de ma grossesse avec une attitude positive, parce que c'est vraiment un cadeau d’être enceinte. J'étais extrêmement excitée à l’idée d’accoucher, d’être confrontée à la naissance et de rencontrer mon bébé, mon avenir.
Accouchement avec ou sans péridurale ? Pourquoi ?
Bien sûr, je savais qu'une péridurale pouvait être nécessaire en cas d'urgence, mais je voulais vraiment tout ressentir. Mon instinct était que je suis une femme forte, physiquement et mentalement, en plus d'être faite pour l'accouchement. J'avais une copine qui avait eu une naissance merveilleuse à la maison. Ça m’a donné des ailes. Je savais que si elle pouvait le faire, alors moi aussi. Même si je n'étais pas emballée par l’idée d’accoucher à la maison à Brooklyn, j'ai trouvé un centre de naissance extraordinaire, LOMA, dans le Lower Manhattan, à NYC. J'étais très reconnaissante de pouvoir me préparer avec des sages-femmes. Lorsque mon mari Daniel et moi sommes allés dans une classe de naissance (obligatoire), la femme a dit à notre groupe qu'il y avait deux façons pour les femmes de contrôler la situation; l'une devait ressentir tout (moi) et l'autre ne pas souffrir (d'autres femmes) - à nous de choisir notre plan de naissance.
Il y a une chose que j'aimerais pouvoir changer au sujet de la grossesse et de l'accouchement, ce sont les jugements qui fusent de toutes parts. Il n’y a pas de supériorité ni de hiérarchie dans l'accouchement. Peu importe comment vous avez mis au monde votre petit et comment vous en êtes arrivée à le tenir dans vos bras, vous ÊTES une GUERRIÈRE. Je souhaite que les femmes cessent de se sentir plus ou moins valorisées selon leur histoire de naissance. Les femmes sont puissantes et ce qui compte, c’est que nous portions, nourrissions nos bébés et les mettions au monde pour les aimer. Le reste regarde chacune d’entre nous.
Votre niveau de stress / peur par rapport à l’accouchement entre 1 et 10 ?
Je ne me faisais aucune illusion à propos de l’accouchement. Certaines femmes ont des complications, cela peut être extrêmement stressant, mais j'ai accueilli toute l'expérience sans aucun stress. Je pense que c’était plus excitant que stressant finalement. C'était le fait de sentir enfin ces douleurs de travail qui se mettent en place, d’utiliser tous les outils qu’on nous avait appris et Daniel et moi, de rester concentréepour pouvoir mettre mon premier enfant au monde de la meilleure façon possible… et enfin notre nourrisson est arrivé ! Tout était très excitant, car nous n'avons pas découvert son sexe tout de suite. J’étais si curieuse d’explorer toutes ces nouvelles sensations, que les premiers instants de mes premières contractions étaient presque agréables !
Qu’est-ce qu’on ne vous a jamais dit sur l’accouchement, et que vous auriez aimé savoir ? Qu’est-ce que vous avez trouvé le plus dur ? La grossesse, l’accouchement ?
La seule chose que je ne savais pas, et j'aurais aimé que ce soit le cas, c'est que allaiter pour la première fois peut être vraiment très difficile. C'était très difficile pour moi en tout cas ! Evidemment, vous avez un nouveau né qui va vous apprendre assez vite ce dont il a besoin mais de votre côté mais il faut se concentrer pour se remettre sur pied de la naissance, et essayer de faire de son mieux pour allaiter comme il faut ! Il faut être deux pour que cela fonctionne et votre petit aussi est en période d’apprentissage ! Il a fallu environ 4 à 5 semaines pour qu'Otto et moi devenions un duo “nourricier / mangeur” de confiance. C’est seulement après plusieurs jours et nuits de douleur que nous avons trouvé notre rythme. Otto tétait avec une énorme pression, il restait accroché, il nous a fallu du temps pour nous comprendre, ajoutez à cela mon stress émotionnel d’être sa source de vie et d'épanouissement ! La patience et le travail sur soi sont nécessaires à l’allaitement, je les défends vigoureusement, et ça vaut vraiment le coup. J'ai dit à mes amies qui allaitaient pour la première fois elles aussi que ça valait la peine de faire en sorte que ça marche, que la patience et la persévérance était la clé. L'allaitement maternel est vraiment quelque chose de magnifique, c’est aussi gratifiant pour la mère que pour l'enfant. Je continue d'allaiter Otto matin et soir, et je suis vraiment heureuse que nous partageons cela, c'est quelque chose que je chéris beaucoup.
Comment avez-vous préparé votre accouchement ?
Je suis fermement convaincue du fait que la grossesse et l’accouchement constituent le «marathon» le plus important auquel vous serez confrontée dans votre vie physique, mentale et émotionnelle. La grossesse et la naissance exigent beaucoup de notre corps. Mais il est déconcertant de voir que certaines femmes arrêtent tout quand elles sont enceintes (à l'exception des femmes qui ont des complications, bien sûr!). C'est le moment où vous devez être la plus forte dans tous les aspects de la vie ! Tout au long de ma grossesse, j'ai continué à faire toutes mes séances de sport comme d’habitude. Même si j'ai remarqué que ma respiration avait changé, que mon endurance avait évolué, ma résistance était challengée différemment, mon CORPS avait changé lui aussi, je me suis quand même sentie puissante et forte. J'ai couru pendant 35 semaines, j'ai fait de la gym pendant 37 semaines et du yoga jusqu'à la naissance. Bien que parfois j’appréhendais et j’allais à reculons faire de l'exercice à cause de mon corps qui se sentait fatigué par moments, j’avais une sensation incroyable et étais la plus heureuse après l'entraînement. Pour me préparer à la naissance, mon mari Daniel et moi sommes allés à la classe des naissances. L’instructrice a mentionné Oprah Winfrey qui avait couru un marathon et CASSÉ LA BARAQUE en le terminant en 4,5 HEURES ! Qui savait ! Mais elle a ajouté aussi qu'Oprah avait aussi une grande partie de son équipe qui courait autour d'elle pour l'encourager. Son temps record était l’incarnation de la présence de l'équipe avec laquelle elle avait couru. C'est pourquoi il est essentiel de constituer une équipe de naissance pour avoir l'expérience que vous espérez. Daniel et moi avons travaillé avec une Doula incroyable qui a été extrêmement utile dans la préparation et la mise en place de nos attentes. Elle a également donné à Daniel de merveilleux outils pour qu'il puisse m'aider et m’encourager. J'ai aussi mis au point un plan de naissance qui, pour l'essentiel, mettait sur papier tout ce que je voulais pendant mon accouchement et la naissance. Ainsi tout le monde était sur la même longueur d'onde.
Cela dit, j'étais extrêmement flexible, car il y a tellement d'éléments à mettre en place. Cela peut aussi ne pas se passer comme vous l’avez prévu. J'ai vraiment senti que mon mari et ma doula savaient ce qui était important pour moi et ils ont tous les deux travaillé très dur pour me soutenir. En termes de régime, je n’ai pas fait plus attention que ça. J’ai mangé de tout avec modération. La seule chose que j’ai vraiment changée, c’est que j’avais toujours de la nourriture sur moi, c’est incroyable comme tu deviens vite vorace quand tu es enceinte ! Enfin si, je n'ai pas bu une goutte d’alcool. C'était une décision personnelle, j'aime le vin, mais j'étais beaucoup plus conservatrice que ce que je pensais quand je portais mon petit. Tout ce que je viens de vous raconter m'a permis d’avoir une super confiance en moi les dernières semaines de grossesse, et je me sentais aussi prête que possible. L'anticipation était tangible et je me sentais à chaque instant très heureuse de donner la vie / porter mon premier bébé.
Une anecdote marrante ou non lors de votre accouchement ?
Pendant le travail, ma doula m’avait prévenue, vous pensez savoir ce que vous voulez (positions / espace / ambiance, etc.), mais une fois sur place, cela peut être très différent. J’y suis allée sans vraiment d’idée préconçue. Mon mari m'a acheté des écouteurs à réduction de bruit, que j’ai porté pendant presque tout mon accouchement ! Je suis passée d'une playlist de naissance à de la musique classique. Au début du travail, je suis restée à la maison, je marchais…et lorsque mes contractions sont devenues plus intenses, je me suis mise à genoux, à quatre pattes. Je me contentais d’être à l’intérieur de moi-même, d'écouter mon corps et de me concentrer sur ma respiration. Je voulais être au diapason avec mon corps. Je voulais tout sentir.
Quand Alix et Onur attendaient Ellis, notre filleule, avant même que nous ne sachions s’ils attendaient une fille ou un garçon, nous dinions ensemble et ils nous ont dit que le nom qu'ils aimaient bien s’ils avaient un garçon, c’était Otto. Puis Ellis est née, et nous avons “volé” le prénom Otto (avec leur permission) et nous avons eu le nôtre ;)
Et si c’était à refaire ?
Je ne suis pas sûre que je ferais différemment au deuxième tour. Ce dont je suis certaine, c’est que je devrais être un peu plus souple maintenant que j’ai Otto, mais j'ai hâte d'être à nouveau enceinte, ça a été un moment si joyeux dans ma vie. Je me sens extrêmement chanceuse d’avoir eu une grossesse saine, heureuse et d’avoir été si soutenue. Je suis très consciente que ce n’est pas l’expérience de chaque femme.
Un conseil pour nos lectrices ?
Il y a beaucoup de choses que j'aime partager avec les femmes au sujet de la naissance, c'est puissant, irréel, difficile - c'est très difficile (la chose la plus difficile que j'ai jamais faite !). Mais c'est l'expérience la plus transformatrice aussi. C'est un cadeau. Je suis stupéfaite de la force que peut déployer le corps féminin. L’idée sur laquelle j’aimerais peut-être le plus insister, et qui est d’après moi fausse, c’est qu’il ne faut pas enrober tout ceci de peur. Je souhaite pouvoir parler aux femmes qui redoutent la naissance, leur donner les moyens de croire vraiment que leur corps est plus que capable. A ces femmes qui s’apprêtent à devenir mères pour la première fois, j’ai envie de leur dire : entourez-vous de femmes qui ont une expérience de naissance que vous admirez, discutez avec elles, puisez en elles du courage et de la force, trouvez des gens qui voient la naissance comme vous le faites, trouvez votre équipe. Entourez-vous pendant la naissance de personnes qui vous aiment et soutiennent votre façon de concevoir la naissance, après tout, c'est le moment où vous rencontrez votre avenir.Interview d'accouchement : Dora S.
Qui êtes-vous / que faites-vous dans la vie ?
Je suis maman et professeur de yoga. Je le mets dans cet ordre car j’ai changé de métier, de rythme pour passer le plus de temps possible avec mes enfants.
Quel âge avez-vous ?
30 ans et des poussières.
Dans quelle ville habitez-vous ?
Boulogne-Billancourt.
Donnez-nous une info essentielle à connaître sur vous ?
Justement j’ai toujours une huile essentielle sur moi pour soigner les petits maux du quotidien.
Est-ce votre premier accouchement ?
Deuxième.
Êtes-vous plutôt une encyclopédie vivante de l’accouchement ou vivez-vous dans l’ignorance la plus totale et misez tout sur votre instinct ?
Dans l’ignorance totale pour mon premier, et pour mon deuxième, j’étais devenue une experte, enfin presque.
Accouchement avec ou sans péridurale ? Pourquoi ?
Avec et sans.
La première fois, je ne me suis même pas posé la question parce que j’ai été déclenchée. Les contractions artificielles étaient tellement aiguës que j’avais le souffle coupé. Donc, péridurale. On a dû la reposer trois fois car elle ne marchait que d’un côté. Et je l’avais tellement dosée que ma jambe est restée ankylosée pendant quelques semaines.
Pour mon deuxième, je m’étais préparée à un accouchement naturel. L’option de la péridurale n’était pas envisageable.
Mais après 15h de travail, avec un col à 10 depuis 6 heures (normalement le bébé sort dans l’heure à ce stade), j’étais au bout du rouleau. Mon bébé ne descendait pas et était bloqué par quelque chose. C’était césarienne ou péridurale. J’ai vite fait mon choix. Et accepter que cet accouchement se passe différemment de ce que j’avais imaginé, planifié. L’anesthésiste est resté à côté de moi jusqu’à l’arrivée du bébé. Elle a dosée la péridurale et m’a rassurée « Il n’y a pas 9 personnes sur 10 qui aurait enduré ce que vous venez d’endurer ».
Votre niveau de stress / peur par rapport à l’accouchement entre 1 et 10 ?
Première fois 0. Je nageais dans un flou artistique. Je voulais ne rien savoir et voir. Vivre ma propre expérience.
Deuxième 8, j’avais trop d’attentes par rapport à tout ce que j’avais lu. Tout ne se passe pas comme on prévoit. Par exemple, je ne pouvais pas deviner que mon coccyx était en hameçon et qu’il empêchait mon bébé de descendre. Il faut laisser place à l’inattendu.
Qu’est-ce qu’on ne vous a jamais dit sur l’accouchement, et que vous auriez aimé savoir ?
Vous êtes actrice de votre accouchement. Vous décidez de ce que vous voulez. Personne ne peut vous l’imposer. Écoutez, bien sûr, mais si vous n’êtes pas en phase avec ce que l’on vous propose, surtout échangez avec la sage-femme et les médecins. Vous seule savez ce qu’il y a de mieux pour vous et votre bébé.
Qu’est-ce que vous avez trouvé le plus dur ? La grossesse, l’accouchement ?
L’accouchement. J’ai eu des accouchements très longs. Il faut une bonne force mentale et un gentil mari qui me masse, me parle, me câline pour tenir.
Comment avez-vous préparé votre accouchement ?
Pour mon deuxième j’ai fait le tutti quanti. Haptonomie, sophro, acupuncture, homéopathie, osteopathie, hypnonaissance, piscine, méthode Bonapace, vibrations sonores, playlist, pensées positives et pratique du yoga bien sûr. Tout cela était-ce vraiment bien nécessaire ? Non. Choisissez ce qui vous tient à cœur.
Une anecdote marrante ou non lors de votre accouchement ?
Pour le premier, nous étions déjà à l’hôpital depuis 3 jours avant que je sois déclenchée. J’ai ENFIN les contractions (artificielles) à 2h du matin. Elles étaient tellement fortes que j’arrivais difficilement à gérer la douleur, je tremblais de partout. Au moment où on m’a posé le cathéter, mon mari revenait avec son café. Livide, il perd connaissance et d’un seul coup tombe raide comme un piquet sur le sol. Une mare de sang apparaît. J’hurle. J’ai cru qu’il était mort. « Qu’est-ce que je fais là ? Oh je saigne » me dit-il avec un grand sourire ensanglanté. « Ne bouge surtout pas » dis-je paniquée. Sages-femmes et médecins aident mon mari à se relever. État des lieux : nez cassé. On est parti chacun de notre côté en chaise roulante, lui aux urgences, moi en salle d’accouchement. Un nouveau nez pour un nouveau-né. Je vous rassure il n’a rien loupé malgré les 5 heures où il était absent. Nos proches viennent voir notre merveille. « Mon pauvre Gérôme, tu as dû avoir mal ? » Coucou les copains, c’est moi qui ai accouché.
Et si c’était à refaire ?
Je n’imagine pas ne plus être enceinte, et donc ne plus accoucher. OUI, bring it on ! Mais pas tout de suite, je laisse mon corps se reposer. C’est un vrai marathon d’accoucher pour moi. 23h de travail pour le premier et 17h pour le deuxième, c’est vraiment beaucoup ! Pour le troisième, espérons qu’il sorte comme une fleur.
Un conseil pour nos lectrices ?
Faites-vous confiance, que ce soit pour un accouchement naturel ou pas. Préparez-vous psychologiquement si vous le souhaitez et assumez votre côté animal. Et répétez-vous un petit mantra, une courte phrase « Tout ce dont j’ai besoin pour réussir, je l’ai déjà en moi ». Votre corps sait très bien ce qu’il doit faire, faites-lui confiance.
PS : Je vous ai trouvé un petit schéma récapitulatif ;)